La Guerre des Pâtisseries

La Guerre des Pâtisseries

 

L’indépendance du Mexique ne signifie pas la fin des conflits pour le pays, au contraire. De nombreuses guerres jalonnent le 19ème siècle mexicain, et la première d’entre elles implique une fois de plus des Français.

 

La France est dans les années 1830 un partenaire commercial important du pays, mais ne réussit pas à obtenir de statut privilégié (contrairement au Royaume-Uni et aux États-Unis) et les produits en provenance de l’hexagone ou de ses colonies sont fortement taxés. Dans le contexte d’instabilité politique de cette décennie, la communauté française installée au Mexique est en outre victime de nombreuses exactions, dont des « emprunts forcés » afin de pallier aux difficultés économiques du pays. Ces commerçants contactent les diplomates français sur place pour exiger des réparations, qui sont refusées par le ministre des affaires étrangères Luis Cuevas au prétexte que la période de troubles révolutionnaires que vient de traverser le pays innocente le gouvernement mexicain de toute responsabilité dans ces problèmes.

 

Parmi les Français qui exigent une indemnisation, il y a le pâtissier Remontel, propriétaire d’un établissement dans le quartier de Tacubaya à Mexico et qui se plaint du saccage de celui-ci par des troupes mexicaines lors de conflits dans les derniers moments de la Guerre d’Indépendance en 1832. C’est ce détail pour le moins cocasse qui amènera les historiens à parler pour ce qui va suivre de « Guerre des Pâtisseries ».

 

En 1838 une flotte de 26 navires français arrive au large de Veracruz et exige le paiement de 600 000 pesos (une somme exorbitante pour l’époque), sans quoi elle bloquera tous les ports mexicains qu’elle sera en mesure de prendre afin de bloquer les exportations du pays. Le gouvernement se contente d’abord de contourner ce blocus en faisait passer les produits mexicains par le Texas nouvellement indépendant, mais celui-ci décide vite de stopper cette coopération de peur de voir ses propres exportations bloquées par les Français.

 

C’est l’intervention du Royaume-Uni qui met fin à ce conflit émaillé de batailles entre l’armée française et l’armée mexicaine pour le contrôle des nombreux ports détenus par la première. Le président Anastasio Bustamante finit par promette de payer les 600 000 pesos, et les troupes françaises se retirent en mars 1839.

 

Mais la somme ne sera jamais payée. N’oublions pas que le Mexique occupe une position privilégiée entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, et qu’il présente un grand intérêt commercial pour les nations européennes. C’est un débat d’historiens que de déterminer les responsabilités respectives des pays impliqués dans ce conflit. Mais le non-respect de la promesse de paiement par le président Bustamante alimentera une certaine hostilité gauloise à l’égard du Mexique et fait partie des motifs qui seront invoqués au moment de la deuxième intervention française, en 1861.

 

Mais c’est une histoire que nous conterons dans une prochaine édition de notre courte histoire du Mexique !

La réserve de biosphère de Calakmul

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La réserve de biosphère de Calakmul

 

la plus grande zone de forêt tropicale protégée du Mexique, est un véritable trésor d’histoire maya.

Les ruines de la cité homonyme, située en plein milieu de près de deux millions d’hectares de jungle, couvrent approximativement 20 kilomètres carrés. Étant donnée son isolation actuelle, on peut être surpris d’apprendre qu’elle était une des plus grandes rivales de Tikal, une cité maya majeure du nord du Guatemala.

La vue spectaculaire qui s’offre à ceux qui montent en haut de l’une des deux grandes pyramides de Calakmul (« la cité aux deux pyramides adjacentes » dans la langue maya) porte d’ailleurs jusqu’au Guatemala et on peut apercevoir d’autres ruines distantes les jours où la météo est particulièrement clémente (c’est plus difficile pendant la saison humide entre mai et septembre).

 

La jungle maya couvre presque 15 % de l’État de Campeche au Mexique, et s’étend jusqu’au Guatemala et à Belize.

La réserve de Calakmul, dont la superficie, pour donner un ordre de grandeur, est légèrement moindre que celle de la Corse, abrite de nombreuses espèces animales : des jaguars, des crocodiles, des tapirs et environ 230 espèces d’oiseaux.

Depuis 2007 l’ONG écologique basée aux États-Unis The Nature Conservancy travaille au projet d’un couloir reliant Calakmul et Sian Ka’an, une autre réserve de biosphère située cette fois dans le Quintana Roo. L’idée est d’aider les oiseaux migrateurs (ainsi que d’autres espèces comme les jaguars) à aller de l’une à l’autre.

Mais la protection de la nature ne doit pas se faire aux dépends des besoins et des aspirations des habitants des zones concernées. Calakmul comme Sian Ka’an sont bordées par des villages dont l’économie repose sur les ressources offertes par la jungle, notamment le gemmage du chiclé (la résine du sapota achras, un arbre d’Amérique Centrale) et le bois. Le Nature Conservancy travaille avec des organisations locales pour développer ces activités tout en protégeant la jungle, notamment en organisant des ateliers où les travailleurs du chiclé peuvent partager leurs pratiques afin d’améliorer la production et de mieux vendre le produit de leur labeur.

 

En 2007 l’ouragan Dean a lourdement endommagé la région.

Certaines des communautés autour de Calakmul ont rapporté avoir assez bien résisté à l’ouragan en raison de la protection offerte par la forêt. De nombreux arbres étant cependant tombés, le Nature Conservancy a aidé à trouver des moyens d’utiliser le bois pour ainsi dire « gratuit » ainsi obtenu, et pour reconstruire les habitations qui avaient été détruites par Dean.

 

La beauté et la valeur de Calakmul tient à cet équilibre entre l’attrait évident de l’endroit pour les touristes et les passionnés d’histoire maya du monde entier, et la nécessité de le maintenir en état pour les animaux qui le peuplent et les communautés qui dépendent de lui.